Présentation de Francis Bacon
Chassé du domicile paternel à l'âge de dix-sept ans, Francis Bacon, né à Dublin en 1909, eut une jeunesse de marginal, marquée par des séjours à Berlin, puis surtout à Paris, qui furent essentiels à sa formation d'artiste. D'abord décorateur, il s'affirma comme peintre en accrochant une Crucifixion dans la galerie de Freddy Mayor à Londres en 1933. Le critique anglais le plus important de l'époque, Herbert Read, la remarqua et la reproduisit dans son livre Art Now, ce qui persuada le grand collectionneur Sir Michael Sadler de l'acheter aussitôt. Etre reconnu par le trio Mayor-Read-Sadler représentait une véritable consécration pour tout peintre anglais des années 30. Cependant, à l'exception de trois tableaux présentés à l'exposition « Jeunes peintres anglais » en 1937, Francis Bacon cessa d'exposer jusqu'en 1945, manifestant d'emblée sa profonde indifférence vis-à-vis de toute préoccupation de carrière.
Francis Bacon fait partie du trés petit nombre des grands artistes du XXe siècle qui sont restés insensibles à la fois à la réaction moderniste pesante et à la fois à la réaction contre celle-ci, dite post-moderniste, qui triompha à partir du début des années 70. Si Bacon a néanmoins appartenu à l'avant garde, c'est parce que celle-ci fût avant tout résistance ( résistance, en tout premier lieu, aux divers académismes successivement dominants). Il poursuit, en peintre, une ambition comparable à celle de Baudelaire, poète capable d'adopter le style le plus majestueux de la langue française, tout droit sorti du XVIIe siècle pour évoquer des sujets intensément modernes : Bacon se saisit à son tour des sujets et des thèmes les plus quotidiens, proches de la vie et donc éventuellement crus, voire chaquants, pour les évoquer picturalement, suivant les enseignements de la "grande manière" de la tradition européenne qu'il admire tant.
Il meurt à Madrid en 1992