Les Ailes et le Sablier, le jardin-musée du Père-Lachaise

Roger Charneau, Pierre Chaunu, Antoine Stéphani

Ecrivain(s)

Photographe(s)

EAN: 9782702205365 1997 192 pages relié pleine toile jaquette

Résumé

 

L'ouvrage met en perspective trois thèmes majeurs : l'art et l'esthétique de la représentation au XXe siècle, l'histoire de la modernité - politique, scientifique et artistique-, et enfin la sociologie du culte funéraire, reflet de l'évolution du rapport

à la mort et à la question de la voie posthume dans nos sociétés.

Or, il est un lieu unique au monde, un véritable musée d'art et d'histoire où un étonnant rassemblement d'architectures et d'œuvres porte témoignage des nouvelles conduites humaines qui émergent au début  du XXe siècle. Cet espace hors du commun, enclave de nature luxuriante au cœur  de Paris, c'est le jardin cimetière du Père Lachaise.

S'y expose à perpétuité cette esthétique de la liberté, de l'espérance - religieuse ou laïque - et  la commémoration.Durant tout le XIXe siècle, en  effet, les plus grands sculpteurs : David d'Angers, Bartholdi, Barrias, Bartholomé, Chapu, Clésinger, Dalou, Etex, Rude...auront été sollicités pour y célébrer l'œuvre et la mémoire des personnalités les plus marquantes  de notre culture parmi lesquelles : Arago, Balzac, Blanqui, Chopin, Corot, Daudet, Géricault, Ingres, Musset, Raspail, Schoelcher...

Les données historiques, biographiques et sociologiques éclairent l'approche résolument esthétique et contemporaine des 210 images inédites réalisées spécialement pour cet ouvrage.

Pendant des millénaires, l'art fut le  moyen essentiel de représentation des croyances, de la foi,  de la dévotion aux dieux, voire au souverain défunt qui, investi du pouvoir de droit divin, régnait sur ses sujets.

De la Vénus préhistorique de Willendorf, figure de la fécondité, aux fresques des artistes de la Renaissance italienne, en passant par la grandiose statuaire égyptienne, les idoles des Cyclades, les sculptures des temples grecs et celles des sarcophages étrusques, l'art avait donc - jusqu'aux temps relativement récents - une fonction  essentiellement culturelle.

Ce n'est qu'au XVe siècle, notamment en Italie, que des premières expressions d'un retrait du divin préfigurent le monde moderne laïcisé qui va émerger au XVIIe siècle. En effet, Masaccio ne craindra pas, déjà en 1425, de représenter, dans une Sainte-Trinité, le notable et son épouse qui lui avaient commandé l'œuvre pour leur sépulture. On se rend compte aussi que la Mona Lisa de Vinci n'était déjà plus un tableau religieux

Plus tard, Watteau, Fragonard et Chardin, parmi d'autres, incarneront l'artiste conqérant son statut d'auteur libre d'exprimer sa subjectivité. Ce fait participe du grand mouvement d'émancipation qui, bouleversant aux XVII e et XVIIIe siècles toutes les sphères de l'activité humaine, aboutit à la prise du pouvoir politique en 1789 et à l'institution de l'individu comme fondement de la société nouvelle.

C'est alors le culte du génie humain, de la raison qui rivalisait avec celui de Dieu.

La foi sera progressivement reléguée au rang d'opinion individuelle, elle ne sera plus le principal élément structurant de la société. C'est l'émergence du monde moderne.

Désormais, et durant le XIXe siècle, les artistes mettront leur imagination et leur art au service d'un humanisme démocratique, cette nouvelle espérance.

Les plus importants sculpteurs de l'époque : David D'Angers, Auguste Bartholdi, Louis -Ernest Barrias, Albert Barthomomé, Henri Chapu, Jules Dalou, Antoine Etex, François Rude...n'auront de cesse de célébrer l'œuvre et la mémoire

des plus grandes figures de génie humain : Apollinaire, Arago, Salah Bernardt, Auguste Blanqui, Champollion, André Chénier, Chopin, Corot, Daudet, Delacroix, Géricault, Ingres Musset, Nerval, Proust, Saint-Simon, Schoelcher, Oscar Wilde...

Il est un lieu, unique au monde, où se révèle pleinement ce courant esthétique original. Un véritable musée d'art et d'histoire dont les œuvres portent témoignage des nouvelles conduites humaines qui ont influencé toute notre monde du XXe siècle.

C'est espace hors du commun, c'est le jardin-cimetière du  Père- Lachaise qui, dans son cadre de nature luxuriante, perpétue cette esthétique de la liberté et de la commémoration de l'œuvre du génie humain.

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