Jean-Clarence Lambert
Résumé
Le nom de Cobra provient de la réunion des premières lettres de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Sous le même titre, dix numéros d'une revue furent publiés de 1948 à 1951. Une Bibliothèque de Cobra, série de monographies consacrées aux principaux artistes du groupe fut également créée. La première exposition Cobra à Paris eut lieu dans une librairie du boulevard Saint-Michel en février 1951. Une deuxième, quelques mois plus tard, à la galerie Pierre. A l'époque dominait l'école de paris, et elles rencontrèrent peu d'écho. Cobra, sans avoir vraiment de programme, se présentait en effet comme un héritier des arts primitifs et populaires, de l'expressionnisme, du dadaïsme, et se manifestait par une peinture agressive, sauvage, désordonnée, aux couleurs violentes.
Il s'opposait au traditionalisme français, à l'académisme et à l'abstraction géométrique.
A l'origine de ce groupe, le Danois Asger Jorn, passionné d'ethnologie. Le poète et peintre belge Christian Dotremont joua le rôle de mécène. Parmi les premiers membres Karel Appel, Egill Jacobsen, Corneille, Constant, Carl-Henning Pedersen, auxquels se joignit Alechensky. Ensuite d'autres s'en rapprochèrent plus ou moins: Atlan, notamment, mais seul le Français à en devenir membre fut Doucet.
En dehors de quelques amateurs fidèles, les peintres Cobra ont suscité peu d'intérêt jusque dans les années 60, ou leur audience s'est élargie tant en Europe qu'aux Etats- Unis. Ils ont évolué chacun selon son tempérament. Alechinsky du côté de la calligraphie fantastique, Jorn- le plus grand d'entre eux- du côté d'une action convulsive de la couleur, toujours plus poussée; mais leurs oeuvres respectives portent la marque indélébile de ce qu'ils découvrirent en commun: l'exubérance, l'humour et la férocité.
Cet ouvrage fait apparaître un thème directeur de la réflexion critique de Jean-Clarence Lambert, poursuivie sur plus de 25 années: L'imagination matérielle, notion dérivée de Bachelard et apparue dès Cobra où elle avait joué un rôle central.