REGARD NOMADE
Ecrivain(s)
Résumé
Un regard nomade sur l’œuvre de Walter Benjamin et Antonio Machado.
Le travail de Joël Capella évoque le passage de deux artistes Walter Benjamin et Antonio Machado à travers un espace non déterminé et matérialisé par l’écrit. Le regard est comme une écriture offrant plusieurs espaces de contemplation. Le destin de ces deux hommes est scellé par leur libre pensée comme celui de Joël Capella et de son regard nomade sur l’esprit libertaire de ces deux écrivains traversant notre territoire.
De ces deux destins si proches est venue l’idée d’une exposition en cette terre catalane meurtrie par la guerre. Une exposition sur le nomadisme, sur le voyage, sur la traversée des espaces de ces deux clochards célestes.
Antonio Machado. Poète espagnol (1875-1939) fils et petit fils de libres-penseurs anticléricaux, professeur de français à Madrid, républicain, engagé dans la guerre civile qui fait rage en Espagne depuis 1936, il traverse la frontière française à Port-Bou, fuyant les troupes fascistes de Franco. Fatigué et épuisé par la maladie, il meurt dans une « pension » à Collioure le 22 février 1940. Il fut un grand admirateur de la poésie française et en particulier de Verlaine. Durant ses différents séjours à Paris, il rencontre des poètes des mouvements d’avant-garde et surréalistes qui l’influenceront dans ses œuvres majeures.
Walter Benjamin. De nationalité allemande, fils d’un banquier juif, antiquaire et collectionneur d’Art. Walter Benjamin à la fois écrivain, critique, francophone et francophile, traducteur de Baudelaire et de Proust, éternel voyageur qui se promène en Europe, transportant dans ses valises 500kgs de livres anciens et un tableau de Paul Klee. En 1940 à l’entrée de la Wehrmacht à Paris, il fuit vers la zone libre et tente de passer la frontière espagnole pour prendre un bateau vers l’Amérique à Lisbonne. Bloqué par les fascistes espagnols, il se suicide avec de la morphine dans une chambre d’hôtel à Port-Bou le 26 septembre 1940.
Ces deux hommes reposent discrètement dans les cimetières de Collioure et de Port-Bou, au bord cette mer méditerranée qu’ils aimaient tant. Voyageurs, poètes de la nature et des villes, passagers du vent, de ce vent qui traverse les frontières et les montagnes.
Un texte de Michel Pagnoux, ami du peintre, et peintre lui-même : "L'agitateur, dans le laboratoire de chimie, est cet instrument qui, à force de la agiter, réconcilie en un mélange stable des corps incompatibles, des liaisons impossibles. C'est un créateur d'amalgames, de mixages, un roi de la vinaigrette, de l'huile et de l'eau, du gras et du maigre. Des émulsions. Joël Capella est un agitateur d'émulsions. Dans son creuset il a disposé un peu d'enseignement, de la peinture, de l'engagement syndical, les bleus et l'or de la porcelaine, des convictions antithétiques, du dessin sur motif, colères et débordements en tous genres, de la jouissance sans entraves, des brassées d'humanismes intact, de la mauvaise foi et un concentré explosif de conviction. Et il agite. Et il s'agite. Gare. Il rétablit un atelier, crée un diplôme, expose des tableaux, cuit à 1300°, cueille des fleurs d'anis, offre des couteaux espagnols, convainc des élus, poursuit le sanglier, boit un vin frais d'un trait, se désespère et rebondit. Un agitateur inusable, malgré les frottements."