Bernard Vasseur
Ecrivain(s)
Artiste(s)
Résumé
Yves Dana est l'un des sculpteurs les plus profonds de ce temps. Son œuvre ne se confond avec aucune autre : elle revêt une singularité qui plonge ceux qui s'y attardent dans le temps long des grandes mythologies, dans la sérénité lumineuse des songes. Elle est exposée dans les plus grandes métropoles et figure dans les meilleures collections publiques et privées.
Né à Alexandrie, Yves Dana est tout enfant quand sa famille doit quitter l'Égypte avant de trouver refuge en Suisse. C'est là qu'après des études de sociologie et un court passage par l'enseignement des mathématiques, le jeune homme se voue à sa passion dévorante, la sculpture, après avoir obtenu le diplôme des Beaux-Arts de la Ville de Genève. Depuis 1984, il se consacre uniquement à cet art et travaille à Lausanne, dans le cadre grandiose de l'Orangerie, un somptueux bâtiment du XIXe siècle où il a installé son atelier.
Son parcours l'a conduit à s'affronter successivement à trois matériaux. Le « fer direct » tout d'abord qu'il pratique pendant une quinzaine d'années, fasciné par la forge, l'enclume, la soudure et la flamme et les formes qu'il en fait surgir.En 1996, un voyage de six mois en Égypte – sa terre natale qu'il ne connaît pratiquement pas – le marque profondément et modifie son regard sur son art. Il va bientôt passer au travail du plâtre, plus silencieux, plus malléable, plus livré au domaine de l'eau, dont il va couler les pièces en bronze en Italie, à Pietrasanta. Depuis quelques années, il se consacre à la pierre, matériau plus dur, plus intemporel, mais aussi plus serein et plus conforme à sa maturité.
Mais il sait également à merveille mêler les genres et brouiller les cartes : ses stèles d'Égypte sont en métal et pourtant, patinées, travaillées, véritablement « minéralisées », elles se livrent au regard comme des pierres portant les stigmates de l'usure du temps. Yves Dana aime citer cette pensée du Talmud : « Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît déjà, tu pourrais ne pas t'égarer. » Et de fait, on n'en finit pas d'interroger ses propres émotions devant les séries de ses pièces sculptées qui apparaissent souvent comme jaillies d'une archéologie désertique, prélevées à ces « Assises du monde » dont parlait Cézanne. Une œuvre qui vous dépayse, vous ouvre à une temporalité plus dense, plus essentielle, bien au-delà des urgences de l'actualité de notre époque : celle que chacun porte aussi au-dedans de soi et qu'il retrouve en évoquant ses rêves les plus secrets.
Une œuvre magnifique et passionnante. http://www.yvesdana.ch/