Sous la direction de Nicolas Bourriaud
Ecrivain(s)
Résumé
À travers les œuvres de 24 artistes internationaux, l’exposition G.N.S formule l’hypothèse que la topographie est un enjeu majeur de la création artistique actuelle, et une clé pour la comprendre.
Qu’est-ce qui motive les artistes à représenter le monde d’aujourd’hui, avec des moyens très divers, alors que les médias nous abreuvent d’images de la planète ? À travers des processus d’enquête, d’exploration ou d’investigation, les artistes réunis par G.N.S travaillent en collectant des données afin de produire des formes, procédant à partir d’informations « traitées » ensuite dans des styles très divers, depuis le diagramme jusqu’au documentaire, de la peinture jusqu’à l’installation…
Cartes, plans, images satellitaires, prises de vue, échantillonnages, études sociales, diagrammes et tableaux : jamais la géographie n’a pris autant d’importance dans l’art qu’aujourd’hui. Il faudrait remonter plusieurs siècles en arrière pour voir les artistes explorer le monde physique avec une telle ardeur ; à ceci près qu’à l’époque des voyages de Magellan ou de Sir Francis Drake, ils contribuaient à la découverte d’une planète encore largement inconnue, tandis que les artistes de notre temps arpentent un globe terrestre dont le moindre mètre carré (ou presque) a fait l’objet d’un relevé, quadrillé de réseaux de communication et scruté par des centaines de satellites.
La géographie aujourd’hui n’a donc plus rien à voir avec celle d’hier : les modes de graphie ont changé, tout autant que la Gé (la Terre). Science qui a pour but « la description de la Terre, des formes de son sol et des différents aspects de la vie à la surface du globe », la géographie des artistes contemporains explore désormais les modes d’habitation, les multiples réseaux parmi lesquels nous vivons, les circuits par lesquels nous nous déplaçons, et surtout les formations économiques, sociales, et politiques qui délimitent les territoires humains.