La Gravure Libertine
Ecrivain(s)
Résumé
Sexe spectaculaire ou la gravure libertine, l’essai – fruit d’une quinzaine d’années d’analyses – se situe au carrefour des questions esthétiques et littéraires. Son abondante iconographie est constituée de reproductions de gravures, souvent inédites, qu’elles soient tirées de tableaux célèbres ou de l’illustration des ouvrages libertins.
Le propos de Patrick Wald Lasowski est de cerner l’imaginaire de la gravure libertine, à travers ses thèmes et ses motifs, en marquant son évolution, de la Régence à la Révolution, au-delà des poursuites de la censure et du discours de l’Église qui ne peuvent empêcher le formidable essor du roman libertin.
L’image est ainsi le moyen d’aborder le rapport qu’entretient le siècle des Lumières à la représentation de la scène sexuelle, entre galanterie et obscénité.
Résumé
Alors que l’Église frappe d’interdit la représentation de la scène sexuelle, le défi de la gravure libertine consiste à en exhiber l’image, en arrachant aux ténèbres la vue des amants en action. Au siècle de l’Encyclopédie, l’art d’aimer appelle l’accompagnement des gravures, dans l’intrépidité du plein jour.
I. Faire posture
La vogue des célèbres Postures de l’Arétin invite à s’arrêter sur la posture sexuelle comme mode d’accès à la représentation du plaisir : pourquoi la gravure fait-elle de la posture l'un de ses objets favoris ? Quel est l’enjeu de ces catalogues en images, que Casanova emporte dans ses bagages ? À quoi tient la fascination du spectateur-voyeur ? Il y a une vérité du voyeurisme. C’est la nature spectaculaire de la scène sexuelle. La perversion du voyeur consiste à occuper une place qui le dépasse, qui ne s’offre à personne, pas même aux amants, mais au relief des corps, au mouvement des lignes, à la gravure qui s’en saisit.
II. Célébrations païennes
Le XVIIIe siècle multiplie les estampes qui reproduisent les tableaux célèbres représentant l’image païenne du plaisir. Sous le signe de L’amour frivole (Boucher, gravé par Beauvarlet), chaque peintre a son graveur.Le monde de la gravure se renouvelle dans cet effort. L’enjeu est économique, esthétique, sexuel. Le passage à la gravure fonde la circulation moderne du désir dans la ville. Si paganisme il y a, c’est dans la démultiplication de ces images, dans la promotion généralisée d’une vision charnelle, qui annonce notre « société de l’image ». .
III. Le démon du bizarre
Les postures de l’Arétin sont concurrencés par la représentation des « bizarreries » qui se répandent dans le roman libertin à partir des années 1740-1750. Fouet, sodomie, homosexualité, bestialité, particularité des lieux et des costumes : pour le « libertin moderne », chaque rapport sexuel est un cas singulier. C’est dans ce contexte qu’évolue la gravure libertine. Entre les codes de la galanterie et ceux de l’obscénité. Jusqu’à la violence de la caricature sous la Révolution qui vise à l’avilissement de la figure. .
Contre l’interdit de la scène sexuelle, l’estampe libertine en exhibe l’image. Le siècle des Lumières appelle les gravures dans la plénitude du plein jour. L’essai s’organise en trois parties :
I. Faire posture interroge le catalogue des postures érotiques et la manière dont la gravure souligne, à travers elles, la nature spectaculaire de la scène sexuelle.
II. Célébrations païennes traite des estampes tirées des tableaux du plaisir, dont la multiplication fonde la circulation moderne des images.
III Le démon du bizarre traite des « bizarreries », fouet, sodomie, homosexualité…, que met au jour l’illustration des romans libertin.
C’est ainsi qu’évolue la gravure libertine, entre galanterie et obscénité, jusqu’à l’avilissement de la figure dans la caricature révolutionnaire.