PICASSO, LINOGRAVURES (réédition)

Linogravures

PICASSO

Ecrivain(s)

Artiste(s)

EAN: 9782702211137 5 mars 2020 104 pages Reliure pleine toile sous étui

Résumé

Il est aussi intéressant qu’audacieux de rééditer un ouvrage de 1962 auquel Picasso avait contribué de son vivant. Cette édition soignée révèle à quel point l’artiste, on le sait aime expérimenter : la gravure sur linoléum lui est un nouveau terrain de jeu qu’il investit d’emblée avec autorité, même s’il n’a jusque-là utilisé la gravure sur bois que de manière exceptionnelle.
D’emblée il s’autorise tous les sujets : de la corrida à une interprétation d’un portrait de femme de Cranach, des portraits alternant versions naturalistes et abstraites aux bacchanales à l’atmosphère sereine… Le goût de l’expérimentation contribue à la variété car très vite, il multiplie les planches pour choisir finalement de « simplifier et d’unifier le procédé technique ».

Il ne fait aucun doute pour Wilhelm Boeck que « ce qui caractérise ces gravures sur lino, c’est la synthèse de la matière et de la technique avec les métamorphoses d’une œuvre multiforme qui n’obéit qu’à son créateur »

On ignore par quel hasard Picasso est venu à la technique du lino. De même que l'année précédente il s'était mis à peindre le portrait de l'Arlésienne avec des plumes de pigeons ramassées sur le sol de « La Californie », sa villa de Cannes, de même – ce qui correspond bien aux habitudes de Picasso – il a dû utiliser la gravure sur lino, abstraction faite des nécessités artistiques, sans que cela revête aucune signification manifeste.

Lorsque l'on compare les aquatintes de la Tauromaquia, si vivantes, souples et flexibles, aux dessins au pinceau pour les gravures sur lino, d'une autorité tellement évidente, une différence fondamentale se fait jour. Ces derniers sont plus drus, plus concis, plus lourds aussi, traités par à plats, d'un effet de silhouette caractéristique.

Pour accorder le sujet aux surfaces de la gravure, l'artiste emploie les moyens les plus divers. Docile, la matière se soumet et il en interprète les lois avec une maîtrise de grand style. Que se soit par l'emploi de plusieurs planches de différentes couleurs, ou bien à l'aide d'une même planche, modifiée selon ses besoins, lignes et surfaces se combinent à des motifs décoratifs et pittoresques qui réagissent les uns sur les autres. Une sorte de type idéal de la composition colorée – qui n'est pas sans rappeler la disposition des ocres, des bruns et des noirs sur les vases grecs – est créé malgré d'importantes modifications de la répartition des tons, comblant ainsi, inexplicablement, les exigences de la technique.