Bernard Vasseur
Ecrivain(s)
Artiste(s)
Résumé
Peter Klasen est l'une des figures majeures des arts plastiques d'aujourd'hui : son œuvre est exposée dans les grands musées du monde, recherchée par les plus grands collectionneurs.
Lorsqu'il s'installe en 1959 à Paris, il refuse la fascination de la peinture informelle alors à la mode et s'engage résolument dans la voie de « la figuration narrative ». Pour autant, il refuse le pathos de l'expressionnisme traditionnel allemand et invente un langage qui lui est propre, aux couleurs vives et aux toiles comme « lessivées » par la technique de l'aérographe, qui lui donne une précision quasi photographique ou plutôt chirurgicale. Peintre des tendances lourdes de notre temps, Klasen est hanté par le développement du gigantisme technicien (il sait que le mythe de Prométhée finit mal…) et par la réalité de l'éclatement urbain, dont il souligne la froideur, la dureté, le caractère traumatisant, en même temps que l'irrépressible efficacité.
Sur ses toiles, des fragments de corps humains, notamment féminins, voisinent avec des objets de consommation courante, utilitaires ou machiniques, pour exprimer le conflit de « l'être » et de « l'avoir » qui est la clé de notre monde post-moderne. Univers grillagés, portes métalliques, wagons, cadenas, fragments de camions frigorifiques, manettes, volants, cadrans, objets d'hôpital, néons – autant de signes que nous croisons tous les jours et qui disent la blessure des êtres, leur enfermement, leur aliénation (au sens des philosophes), quand « l'avoir » les domine et les écrase, en même temps qu'il les fascine…
Avec Peter Klasen, on se sent à la fois de plain-pied dans son époque et stimulé dans la saisie de ses antagonismes, de ses déchirements, dans une recherche picturale sans cesse reprise et attentive aux pulsations du quotidien.