Michel Haillard

Renaud Siegmann

Ecrivain(s)

Artiste(s)

Photographe(s)

EAN: 9782702208557 2007 128 pages relié plein papier

Résumé

Arche de Noé, bal des Quat'z'Arts, caverne d'Ali Baba, galerie Deyrolle, piste aux Etoiles... Mais qu'est-ce que ce zoo en délire : les meubles perdus de Tarzan, de Tintin au Congo ; la caravane d'Indiana Jones, de Crocodile Dundee ? Big bang animalier, l'œuvre apparaît tel un puzzle éclaté, une sorte de safari de brocante.

Meubles imagés, meubles-totems, meubles-autels… C'était il y a une quinzaine d'années, Michel Haillard s'est pris au jeu du mobilier d'art, par instinct. Atypique et décalé, l'artiste s'est fait connaître comme l'enfant prodige d'un courant anti-académique, responsable d'une œuvre hors norme, à la fois élitiste et populaire, mêlant deux aspects antagonistes, quoique complémentaires : l'indigène et le civilisé. À l'opposé du design, plus proche de la sculpture que de l'art taxidermiste, son travail reflète son goût pour la magie des formes extra-occidentales et le clinquant du patrimoine circassien.
Un mobilier-règne animal, pas un mobilier-trophée de chasse.

Ce qui frappe dans cet ensemble, ces meubles véritablement incarnés, ces pièces d'art aussi sensibles que mirifiques et parées des matériaux parmi les plus anciens du monde vivant, c'est avant tout l'intensité plastique, ce choc physionomique des formes et de leurs croisements insensés.
Guérisseur mystique capable de déstructurer et de recomposer n'importe quel meuble, Michel Haillard excelle désormais, accédant à la maturité, dans cet art dit « sauvage » qui se situe à mi-chemin entre l'« imaginer-créer » et l'« exorcisme décoratif ».

Pour autant, qu'y a-t-il de commun entre l'art nègre, l'art byzantin, l'art indien, l'art sino-russe ou encore l'art polynésien qu'on repère comme données traversières et omniscientes dans tout l'œuvre de ce créateur ? Quoi d'autre, sinon cette mémoire de la Terre, notre histoire sans fin d'êtres mortels. Un ensemble d'exception basé sur l'esprit des premiers âges, cette aube des temps et des hommes. Ce monde à la limite, à l'extrême, Michel Haillard y met depuis toujours sa verve et son vécu, conférant à ses pièces une légitimité primordiale, dans cette transgression immanente des frontières.

Évoquant l'intemporalité d'un génie primal, Michel Haillard bouleverse ainsi le domaine du meuble d'art, en tant que créateur qui ne matérialise plus seulement des objets d'usage domestique, mais encore, et surtout, des courants d'influence issus des cultures de tous les âges et de tous les continents.