Charles Juliet
Ecrivain(s)
Artiste(s)
Résumé
Âgé d'une cinquantaine d'années, Yves Dana qui vit et travaille à Lausanne, produit des sculptures très dépaysantes, inscrites dans le temps long des grandes mythologies. Ses pièces, initialement en fer, puis en plâtre et en bronze, et enfin en pierre, exaltent la vie, ses énergies, ses élans.
L'entretien avec Charles Juliet permet à l'artiste de livrer quelques clés d'accès à son œuvre très originale.
Nombreuses reproductions en grand format et en couleurs, complétées d'un catalogue des sculptures.
EXTRAIT DE L'ENTRETIEN
Charles Juliet. – Plusieurs de vos œuvres sont constituées par deux parties assez différentes. L'une présente des surfaces lisses, des arêtes nettes, des plans bien structurés. L'autre a quelque chose d'informe. Autrement dit, vous associez l'élaboré et l'inorganisé. Pourrait-on voir là une sorte de représentation du conscient et de l'inconscient ?
Yves Dana. – J'aimerais introduire une notion de durée dans mon travail.
À l'image du temps, j'aime la notion d'érosion, de fossilisation, de processus en cours. Rien n'est figé, rien n'est stable. Un bloc aux formes bien définies peut revenir au chaos, et un bloc informe peut se structurer. Les formes s'échangent, sont en mouvement. Tout n'est-il pas en perpétuelle transformation ? Les certitudes de nos systèmes sont bien relatives, et masquent d'autres façons de penser.
C. J. – Quand on considère l'ensemble de votre œuvre, on est frappé par sa diversité.
Y. D. – J'aime expérimenter. Je cherche à me surprendre. Pour moi, la sculpture n'est pas une fin mais un moyen, une pièce que je viens d'achever n'est jamais qu'une approche. Ce que je crée ne doit pas donner un sentiment de stagnation et de fini. Il faut lutter pour que la vie reste une danse perpétuelle et colorée.
C. J. – Avez-vous la volonté d'inscrire la marque d'une intervention humaine dans l'inerte, l'informe, l'indistinct…?
Y. D. – La matière n'est pas inerte. Le fer et la pierre participent au travail. Il y a comme un dialogue. Ce que je façonne réagit. Bien sûr, il y a des contraintes, et il faut s'en réjouir ! Elles peuvent être source de trouvailles, d'invention.
Et puis, il y a le temps, les jours qui passent, les années qui s'écoulent. Dans mon travail, peut-être y a-t-il le besoin de reconstituer le pays perdu…
Yves Dana, le film Entres ombres et lumières à découvrir sur Whoozart.