Colin Lemoine
Ecrivain(s)
Artiste(s)
Résumé
Antoine Bourdelle (1861-1929) est un sculpteur majeur de sa génération. Contemporain de Brancusi, Maillol ou Zadkine, passé de l’atelier de Falguière qu’il quitta rapidement, sans cesse défiant à l’égard de l’officialité pour rejoindre, en qualité de praticien, l’atelier de Rodin, gageure incontournable d’un apprentissage savant, il alimenta son répertoire de la leçon du maître, mais loin d’une stricte obédience.
Si ses premières œuvres conservent la marque d’un apprentissage à l’ascendance classique, Bourdelle sut, dès 1900 avec sa Tête d’Apollon, s’extraire de la paternité rodinienne et interroger des notions cardinales et modernes de la sculpture : taille directe, altération, déformation. Son très connu Héraklès archer (1909) et le Théâtre des Champs-Élysées (1913), dont la fortune fut aussi immédiate que controversée, demeurent des morceaux capitaux pour l’histoire de l’art.
Attentif à la production d’un Picasso, sollicité par le futurisme, Bourdelle n’en demeura pas moins un artiste d’une indépendance farouche, célébré de par le monde, en dépit d’une tardive reconnaissance. Revisitant l’esthétique archaïque ou médiévale sous le sceau de la modernité, il fut un promoteur décisif de l’art français à l’étranger et reçut dans son atelier aussi bien Giacometti que Richier ou Matisse. Loin de n’être qu’un relais ou un simple passeur entre l’esthétique de Rodin et ses prestigieux émules, Bourdelle doit être vu comme un parangon de la modernité et l’incarnation d’une impulsion essentielle vers l’art à venir.