Revue Ah! nos 4-5, Guy Haarscher, Georges Didi-Hubermann, Daniel Sibony, Marc Trivier et autres
Résumé
Notre culture de l'autre est plus celle de la représentation, de la mise en scène que celle de l'hospitalité, de l'accueil du visage. Comment révéler, au-delà des mots et des visages, sa « seule présence », nous appeler à voir son humanité ?
« Accueillir autrui pour sa seule présence, au nom de sa propre existence, uniquement pour ce qu'il représente. Pour ce qu'il est. » Ce précepte du dernier livre posthume d'Edmond Jabès pourrait tenir lieu d'enseigne à Portraits de l'autre.
L'enseigne, selon le Petit Robert, est « symbole de commandement servant de ralliement pour les troupes ». Qui rallie aujourd'hui ? Quel commandement religieux, politique, social ordonne ce ralliement ? Quelles troupes ? Le collectif qu'est la nation, la communauté ? « L'autre est inqualifiable, dit Françoise Collin, mais je l'abstrais ou je le réifie en le situant dans une classe, un groupe, en le plaçant dans une hiérarchie sociale et morale, en pratiquant ainsi déjà son rejet.» L'autre demande pourtant d'être qualifié, décliné dans ses rôles. Dans la première partie de ce volume, des écrivains, des philosophes, des historiens d'art, un anthropologue, un psychanalyste, un théologien donnent à partager leurs questions, leurs doutes, leurs incertitudes et nous invitent à ne pas enfermer l'autre dans le concept, à ne pas le réduire à une image, à rencontrer, sinon son secret, du moins son regard et ce qui parle en lui sans paroles.En regard, l'image : des photographes et des vidéastes offrent leurs portraits de l'autre.
Comment interroger le portrait ? Y a-t-il aujourd'hui une manière de questionner l'autre avec la photographie, qui révèlerait autrement son altérité… et celle du photographe et du vidéaste dont l'image est aussi son autoportrait ?
