Peter Klasen

Résumé

Pour la première fois, Peter Klasen qui fut en 1960 l’un des tout premiers artistes à introduire la froideur d’une « Nouvelle Figuration » interrogeant les images et les objets de notre quotidienneté, donne à voir 80 photographies originales et inédites.

Daniel Sibony a voulu s’intéresser précisément à la manière dont Peter Klasen a commencé à aller vers la réalité en faisant un maximum de photographies, mais sans jamais considérer cet art comme un simple dispositif de reproduction mécanique. Il met en évidence sa démarche qui, depuis le début des années 60, l’a conduit à développer d’une façon obsessionnelle et critique son vocabulaire pictural à travers l’appropriation de la photographie sous toutes ses formes et ses dérivés (affiches, photos de presse, magazines à grand tirage).

Pourquoi dans son inventaire implacable de l’esthétique industrielle de nos cités a-t-il sélectionné certaines données, éliminé d’autres ? Pourquoi avoir privilégié ceci, écarté cela ?

Qui a fait l’expérience d’une immersion soudaine dans un pays inconnu sait que l’on ne distingue guère, dans un premier temps, ni les visages ni les paroles. Il faut séparer pour rendre clair, puis connaître. L’acte premier de la connaissance est un acte d’arrachement à l’indistinct. Mais il faut ensuite relier. L’art de Peter Klasen obéit à une exigence réflexive qui n’est pas celle du philosophe : elle est celle d’un artiste aux prises avec la réalité quotidienne de l’univers urbain, et qui refuse absolument de se laisser absorber par elle.

« J’aime la contrainte, dit Peter Klasen, il me faut cette résistance à une réalité hostile. »

L'artiste a capté les signes et les formes stéréotypes d’une réalité quotidienne, afin d’en extraire l’essentiel d’une thématique liée à la fois aux syndromes de la solitude, de l’enfermement, de la mort, mais aussi à la sublimation du corps qui n’ont cessé de hanter et de nourrir son œuvre.