L’invention de la vie de bohème (1830-1900)

Luc Ferry

EAN: 9782702209936 2012 256 pages reliure integra

Résumé

Ne pas confondre bohème et Bohême, un mode de vie et un ancien royaume qui se situait quelque part dans l’actuelle République tchèque. C’est à Paris, entre les années 1830 et les années 1900, que s’invente un nouvel idéal existentiel, une utopie animée par la conviction que « la vraie vie est ailleurs ».

Il y a, bien sûr,  plusieurs bohèmes, des bohèmes riches et snobs, des bohèmes des mansardes, misérables, mais pures et dures, des bohèmes romantiques, d’autres parnassiennes, certaines révolutionnaires... Il n’en reste pas moins qu’un point commun rassemble tous ces poètes, écrivains ou artistes, en dehors même de l’esprit de révolte et de la haine du monde bourgeois : c’est l’appartenance à la jeunesse.
La liste est longue de tous les artistes qui, de près ou de loin, vont approcher ces milieux : de Victor Hugo, Sainte-Beuve et Nodier à Jules Levy et Alphonse Allais en passant par Nerval, Gautier, Borel, Rimbaud, Goudeau, Mürger et tant d’autres ; des Zutistes, des Bousingots et des Vilains Bonshommes, aux Jemenfoutistes, Hydropathes, Hirsutes et Incohérents, les groupes s’agrègent et se désagrègent, se déplacent géographiquement, du Quartier latin à Montmartre en passant par Montparnasse, au gré des humeurs et des amitiés.
Tous ces mouvements, éphémères mais brillants, ont pour première, sinon pour principale caractéristique, d’être formés de jeunes gens. La vieillesse n’y est guère tolérée, « les vieux chauves » et les « genoux » de l’académie y sont vilipendés. Selon le Manifeste des Incohérents, on est exclu du groupe « quand on se marie ou qu’on attrape un rhumatisme », c’est-à-dire quand on s’embourgeoise et qu’on prend de l’âge, ce qui, dans l’esprit de ces « gamins » est à peu de chose près synonyme.
La bohème n’en est que plus créative : bien avant Duchamp, Malévitch, Klein ou Cage, elle invente les monochromes, les ready-made, les concerts de silence et les happenings. Les témoignages graphiques et variés qu’on trouvera dans ce livre – affiches, catalogues d’expositions, œuvres de toute nature – contribuent à exprimer visuellement dans l’ouvrage l’effervescence de la période. Mais au-delà de l’iconographie, c’est aussi à une interprétation d’ensemble du phénomène de la bohème et de son destin au XXe siècle qu’il est consacré.